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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/30

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avait reparu. Je me reprenais à espérer. De nouveau, j’entrevoyais la victoire. Je crois, Dieu me pardonne, que moi aussi j’ai fait chorus et crié « à Berlin ! »

Quand nous sortîmes de table, tout était calme. La retraite ayant sonné, plus un soldat dans les rues. Nous cheminâmes quelque temps dans le Faubourg. Nous vîmes la masse sombre du château dominant la ville. Toute la cavalerie campait sur les berges de la Savoureuse. Sur les coteaux environnant Belfort, à droite et à gauche, devant et derrière nous, les campements de l’infanterie avec leurs grands feux de bivouac qui coloraient les tentes de reflets fantastiques et, çà et là, jetaient un éclair sur les baïonnettes des faisceaux. Après avoir entendu les cris des sentinelles, nous nous endormions, à l’Hôtel Lapostolet, en rêvant à cette vie, si étrange pour nous, dans sa nouveauté, qui allait être la nôtre.