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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/38

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le « schnaps » est la panacée universelle. Avec lui, la glace est bientôt rompue. La promesse d’une goutte, que nous lui paierons en sortant, nous en fait un ami. Sans plus tarder, pour nous montrer « qu’il n’est pas un menteur », il défait « son ballot » et nous exhibe ses papiers.

Ce n’est pas par misère qu’il s’est engagé. Il a sa pension d’ancien soldat, celle de sa médaille. Il a un bon métier de peintre en bâtiments. Mais il ne veut pas « voir un Prussien en France ». Par quelque action d’éclat, il prétend mériter le ruban rouge qui ferait si bien à côté du ruban jaune dont sa poitrine est ornée.

Il a une énorme blessure à la jambe, et il nous la montre. Sa tête a été à moitié fendue à Balaklava, et il nous la fait toucher. Il a bon pied, bon œil et, ne fût son « amour du schnick, qui l’a toujours empêché d’arriver, il n’en serait pas là aujourd’hui. »