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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/37

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siéreux et nus de savates dépareillées. Quand un remous de la foule agitait ces paquets de haillons, un invincible dégoût me faisait frissonner. Avec terreur, je songeais aux gueux de Murillo et à l’occupation de celui du Louvre.

Une troisième catégorie tranchait curieusement sur les deux que je viens de décrire, car elle se composait de quelques anciens soldats rappelés. La plupart avaient revêtu leurs anciens uniformes. Ils regardaient avec mépris ces tristes recrues et, se rapprochant de nous, ils visaient à se rendre intéressants par le récit de leurs aventures de guerre. C’étaient là de braves gens qui devinrent nos camarades. Je me rappelle encore Rissacher dans sa tunique à brandebourgs jaunes de voltigeur de la Garde ; Bourniquel, un garde champêtre ; le vieux, l’inénarrable Taupin (sic), dix-huit campagnes, autant de blessures, soldat de Crimée et de Kabylie, pour qui