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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/40

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allions être transformés en guerriers. Le drap du pantalon rouge nous parut bien rugueux, les godillots bien durs, la veste de corvée bien misérable. Ce qui excita en nous un profond dégoût, ce fut la capote. Celles qu’on nous donna avaient certainement servi à plusieurs générations. Les numéros matricules y étaient si nombreux qu’ils se confondaient, l’étoffe en était râpée, les manches d’un modèle ancien et trop étroites se recroquevillaient aux poignets.

Quelles bonnes têtes faisions-nous sous cette défroque ! Si seulement, avec elle, nous avions eu un fusil et le coupe-choux à la ceinture, cela eût un peu atténué le ridicule de notre grotesque costume. Mais les armes ne devaient arriver que huit jours plus tard et, pendant cette semaine, nous devions faire l’exercice avec des bâtons. Horreur et humiliation !… Il nous semblait que nous étions en mascarade et que cha-