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Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/47

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gnant rabattu sur ses oreilles, le soldat agitait la soupe avec un bout de bois quelconque. Nous le vîmes aussi préparer les gamelles.

Elles lui étaient revenues encore sales du repas précédent. Pour tout lavage, il les plongeait dans une bassine d’eau froide et les étalait sans les essuyer afin de les remplir de l’inquiétant contenu de ses marmites fumantes. Saisissant alors quelques pains de munition dans ses mains grasses et noires, il en arrachait des morceaux informes qu’il jetait dans chaque gamelle. Là-dessus, il allait verser la soupe, c’est-à-dire le liquide souillé dans lequel bouillaient tout doucement, depuis une heure, un morceau de viande et quelques pommes de terre.

Nous nous regardâmes désespérés.

— C’est là ce que nous allons manger ?

— Hélas !

— Ah ! non, moi, je ne peux pas ! Tout