Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui remplace M. Redmond, malade, est un des partisans les plus actifs de l’entente avec la France. Sir Ed. Grey nous a priés de lui faire bon accueil. M. T. P. O’Connor m’adresse, en effet, au nom du parti irlandais, une chaleureuse allocution. Il me rappelle les liens étroits de parenté et d’affection qui ont toujours uni nos deux peuples. « Constituant nous-mêmes, me dit-il, un des rameaux de la race celte, comment aurions-nous oublié que la France est le plus grand des pays celtiques ? Ces liens du sang ont été fortifiés par l’étroite association de votre peuple et du nôtre à travers les siècles de leur histoire. La vieille querelle millénaire entre l’Angleterre et l’Irlande a heureusement presque fini. Aussi, d’un même élan, avec toutes les autres nations de l’Empire britannique, le peuple d’Irlande, fidèle à son passé, s’est dressé pour défendre la cause sacrée de la liberté et de la justice... Nous avons été tout aussi fiers que vous pouvez l’être vous-mêmes de voir que cette dernière invasion s’est brisée contre l’énergie indomptable et l’héroïsme du peuple français... Ce sera l’orgueil des générations irlandaises de songer que des soldats de leur race ont pris part à cette lutte héroïque... Aujourd’hui, de toutes les lèvres, en France, s’échappe le même cri immortalisé par votre histoire : « Vive la France une et indivisible ! » Ce cri, toute la race irlandaise le fera retentir dans le monde. »

Je réponds aux députés irlandais que je suis heureux de leur souhaiter la bienvenue sur cette terre de France qui n’a jamais laissé dépérir, sous la riche floraison de la civilisation latine, la puissante sève de notre race commune et dont les habitants ont, eux aussi, conservé à travers les âges, les traits essentiels du caractère celte ; et