Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 1, 1926.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE LENDEMAIN D’AGADIR

gouvernementale la règle permanente de notre action. Après l’exemple des dernières semaines, ce redressement constitutionnel était plus que jamais indispensable.

Restait le ministère du Commerce. J’avais le dessein de le confier à M. Viviani. Ce n’était pas seulement le verbe fait homme, et, après Jaurès, le plus magnifique orateur du temps. C’était un esprit laborieux, informé des questions économiques et accoutumé par le barreau à la pratique des affaires. Mais M. Viviani, qui eût volontiers accepté l’Instruction publique, refusa le Commerce.

Au même moment, nous apprenions que la gauche radicale de la Chambre se plaignait de n’être pas représentée dans le cabinet en formation. C’était vrai. J’avais oublié les groupes, impardonnable faute aux heures de crise. Moins ignorants que moi des sentiments de la Chambre, quelques-uns des hommes politiques réunis dans mon cabinet surent me faire sentir la gravité de ma négligence. Ils se reportèrent à la liste de la gauche radicale et m’y signalèrent le nom d’un député que je savais, du reste, intelligent, travailleur et consciencieux, M. Fernand David. Notre choix se fixa sur lui.

Sur-le-champ, furent désignés, en outre, quatre sous-secrétaires d’État : M. Paul Morel, pour l’Intérieur, M. Chaumet, pour les Postes et Télégraphes, M. René Besnard pour les Finances, M. Léon Bérard, pour les Beaux-Arts. Mais quelle affaire que d’enlever le consentement de ce dernier ! Je pensai n’y jamais parvenir. Esprit alerte et richement orné, Léon Bérard, qui avait été longtemps, au Palais, un de mes collaborateurs, était certai-