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LA COMMISSION DU SÉNAT

la physionomie de la séance et qu’à la suite d’une campagne des plus perfides, beaucoup de personnes de bonne foi, m’ont plus tard, au delà des monts, reproché mon attitude ; si bien qu’un jour est venu, en France même, où d’ardents amis de l’Italie, qui m’avaient d’abord pleinement approuvé, ont brûlé ce qu’ils avaient adoré. Mais, sur le moment, l’unanimité avait été la même dans la presse que dans l’Assemblée. De M. Henry Bérenger à M. de Mun, de M. Guy de Cassagnac à M. Jaurès, tout le monde m’approuvait. « Vraiment, si la France et l’Italie ne sont pas frappées de démence, écrivait M. Jaurès, leur différend, où aucun intérêt grave n’est engagé, sera bientôt et facilement réglé. Le discours de M. Poincaré, par le ton mesuré et ferme, par l’esprit conciliant de plusieurs déclarations, aura certainement contribué à la solution. » « Par un phénomène assez rare dans les annales du Palais-Bourbon, disait M. Charles Sarrus dans le Lyon républicain, on n’entendait dans les commentaires faits pendant la suspension de séance sur le discours du président du Conseil, aucune note discordante. Il y avait dans tous les partis une touchante et enthousiaste unanimité d’éloges. »

Le Times, L’Evening Standard, le Daily Chronicle, le Daily Mail, le Daily Graphic, la plupart des journaux anglais, donnaient entièrement raison à la France. La presse italienne elle-même était, dans l’ensemble, favorable. Restait à faire aboutir les négociations et à obtenir enfin la libération des passagers arrêtés.

M. Barrère était reparti pour Rome ; il y était arrivé le 23 janvier, à la fin de l’après-midi ; et, dans la matinée du mercredi 24, il avait vu