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n’avons, ni vous, ni nous, aucun motif de faire sortir l’Italie de la Triple-Alliance. Cette sortie ne pourrait qu’amener des complications dangereuses. Nous ne saurions évidemment oublier que l’Italie fait partie de la Triplice ni pousser la magnanimité jusqu’à lui laisser la prédominance dans la Méditerranée. Mais, sous réserve du maintien de l’équilibre, nous la seconderons de notre mieux, dès que la conférence de la paix sera réunie. Pour le reste, répétais-je, laissons les choses en l’état. Ne demandons pas à l’Italie de quitter ses alliés. Il vaut mieux qu’elle reste dans la Triple-Alliance, où elle est un élément de modération[1]. »

On a quelquefois cherché, en Allemagne, à voir dans ces paroles de sagesse je ne sais quelle inspiration machiavélique. Elles prouvent, au contraire, que nous ne songions ni à opposer groupe à groupe, ni à disloquer la Triple-Alliance, et que nous nous félicitions de trouver associée à cette dernière une nation qui était ouvertement l’amie de la France.

  1. Le Livre noir traduit : un élément d’arrêt ; Stieve : das hammende element. Retenue, arrêt, entrave, frein, ma pensée était, en tout cas, très claire : ce que l’Italie permettait d’enrayer, c’étaient les initiatives dangereuses pour la paix européenne.