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À LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

klakoff, le général Leontieff, la princesse Demidoff, auraient le désir de former en France une « Union pour la résurrection de la Russie », sans aucune acception de partis politiques, et de tâcher de faire venir parmi eux le général Alexeïeff, Korniloff, Rodzianko, etc. Paléologue, consulté par eux, me met au courant et je renseigne immédiatement Pichon, en lui demandant son avis.

Delanney, très heureux, dit-il, des honneurs dont il est comblé, vient me remercier, et je lui remets la plaque de grand officier.

La Commission des Affaires étrangères de la Chambre, après avoir repoussé hier une motion d’Albert Thomas qui proposait la rédaction d’un rapport confidentiel, a voté une proposition de Barthou, constatant qu’il n’y avait jamais eu une occasion de paix acceptable.

Clemenceau vient me voir dans l’après-midi. Il s’excuse de n’avoir pu venir plus tôt, à cause de la fatigue de son dernier voyage au front. Il m’apporte une lettre de Foch, recommandant au général Diaz une offensive en Italie. Clemenceau me dit : « J’ai écrit dans le même sens à Orlando. Je ne sais pas où nous allons être attaqués. Foch, à qui j’ai envoyé Mordacq aujourd’hui, croit à la possibilité de plusieurs points d’attaque : Ypres, Béthune, Albert et la Somme. Tout cela est encore très obscur ; mais j’ai grande confiance. D’autre part, je suis satisfait du vote de la Commission de la Chambre. Mais Barthou n’a pas été très adroit. Il s’y est pris de telle façon qu’il a diminué la majorité en présentant les choses d’une manière trop aiguë. C’est, il est vrai, Franklin-Bouillon qui m’a donné ce renseignement et je n’ai pas plus confiance en Franklin-Bouillon qu’en Barthou.

— Mais, dis-je, Barthou est très ministériel et il tient beaucoup à ce que vous le sachiez. Il me l’a répété ces jours-ci et m’a demandé avec insis-