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VOYAGE AUX ARMÉES

Il se plaint que les troupes des Flandres, qui ne sont plus sous son commandement, mais sous les ordres de Foch, soient jetées dans des attaques mal préparées, inconsidérées comme celles d’autrefois, et perdent déjà une partie de leur moral.

Le général Pétain regrette vivement l’accord relatif aux prisonniers ; il prévoit que beaucoup de difficultés en sortiront.

Le général Fayolle craint aussi que certaines attaques ne soient recommencées suivant les vieilles méthodes, sans préparation suffisante. Pendant la guerre, dit-il, on a ainsi perdu trois cent mille hommes sans profit.

Le général Humbert me dit que quinze jours avant d’être appelé comme président du Conseil, Clemenceau lui avait déclaré : « Si je prends la présidence, j’aurai la peau de Caillaux et celle de Malvy. J’y laisserai peut-être la mienne, du reste. Mais je suis vieux et des hommes de mon âge ne peuvent plus penser qu’au bien du pays. »

Humbert trouve que le général Nivelle a eu le plus grand tort de monter des attaques sur l’Aisne et non sur Saint-Quentin. Il ajoute : « Je le lui avais dit par avance. » Il trouve également que cela a été une grande faute, de la part de Nivelle et de Pétain, de pousser à l’extension du front anglais.

Avant de rentrer à Paris, je visite encore la garnison du camp retranché de l’Aigle, l’observatoire de Montagne et le bataillon du 8e tirailleurs, stationné à la « creute » de Viezigneux. Je reviens à Paris à dix-huit heures.


À l’occasion des récentes opérations de la flotte anglaise, j’avais adressé au roi George V des félicitations. Il me répond aujourd’hui :