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LES GRÈVES DE LA LOIRE

avons ensuite parlé des délégués ouvriers inventés par Thomas. Merrheim y est très hostile, parce qu’ils diminuent l’influence de la Confédération des métaux. J’ai dit devant Albert Thomas que je trouvais, moi aussi, son invention malheureuse. Thomas s’est mal défendu. Je reprendrai, du reste, la question. Il faut que les patrons reconnaissent les syndicats et les délégués d’ateliers n’ont aucune raison d’être. Enfin, tout va être terminé aujourd’hui dans la Seine. Reste la Loire. On y a affiché des placards pacifistes. C’est très bien. — Comment ? dis-je, vous trouvez cela très bien ? — Oui, ce n’est pas sérieux et cela montre le vrai caractère de la grève. — Mais c’est précisément ce caractère qui peut la rendre dangereuse ! — Non. Il n’y a rien à craindre de la population pacifiste. — Vous vous trompez, répliquai-je, je vous assure que vous vous trompez. Cette population fait plus de mal que vous ne le pensez. »

L’après-midi, dans l’île de Puteaux, inauguration de l’École des mutilés (fabrique de jouets), organisée par François Carnot. Lafferre m’accompagne.

Réception de M. Hang, nouveau ministre du Chili, sans cérémonial, dans mon cabinet.

M. Canet, nouveau préfet de Seine-et-Oise, me rapporte que le département de la Dordogne, dont il vient, est un peu gâté dans les milieux ouvriers par les relations avec Limoges.

Nail me raconte que Josse a déclaré à l’instruction que Painlevé et Steeg avaient dit à Bouju : « C’est Caillaux qui est maître de diriger l’affaire de l’Action française. Suivez ses instructions. » Bouju n’a pas confirmé textuellement le propos, mais il a reconnu que Steeg et Painlevé l’avaient envoyé chez Caillaux.

Ignace me déclare qu’il croit le huis-clos nécessaire dans l’affaire Paix-Séailles. Il le dira à Clemen-