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LA VICTOIRE

de riposter. Il n’attache aucune importance au vote du congrès de Saint-Étienne ; c’est pourtant la première fois que se tient depuis la guerre un congrès de cette sorte. Il a été autorisé contrairement à la loi de 1884. On laisse les syndicats sortir de leur rôle légal. On accepte tout ; et c’est Clemenceau qui gouverne !

Pichon propose un mouvement diplomatique et administratif : Klobukowski à la direction des services de propagande ; Defrance au Havre ; Lefèvre-Pontalis au Caire. Saint-Aulaire resterait titulaire de son poste, mais serait mis en congé.

Claveille rend compte de ses visites aux diverses installations américaines : ports, gares, magasins, frigorifiques, constructions immenses, préparées pour quatre ans. Que vont dire nos pacifistes ? Et le président Wilson, dans un discours d’avant-hier, disait que cinq millions d’Américains en France, c’était un minimum et qu’il fallait gagner la guerre largement. Si j’avais prononcé ce mot à Nancy !

L’après-midi, salle de la Société de Géographie, ouverture du congrès d’agriculture coloniale. Je prononce un discours pour encourager les membres du congrès à étudier, comme ils ont commencé à le faire, les conditions d’une paix durable[1].

Simon, ministre des Colonies, m’accompagne et me dit avec insistance que la paix ne sera pas signée avant 1921 et qu’il sera indispensable qu’on prolonge mon mandat et que je prolonge celui des ministres.

Leygues vient me parler de la question des commandements français et italien dans les eaux de Corfou. L’amiral de Bon va partir pour Londres et tâcher de régler la difficulté sur la base proposée

  1. V. Messages et discours, t i. Ier (Bloud et Gay, éditeurs).