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BOMBARDEMENT DE PARIS

par Clemenceau : pouvoirs de coordination conférés à l’amiral Jellicoë. Leygues croit qu’en tout état de cause, la flotte française est en mesure de lutter à la fois contre la flotte autrichienne de l’Adriatique et contre la flotte germano-russe de la mer Noire. Il se plaint vivement de l’impunité laissée à la campagne pacifiste. Tous les députés, dit-il, et tous ses visiteurs lui en parlent et même un de ses amis, revenant du front, paraissait croire ces jours-ci, sous l’influence des journaux pacifistes, qu’on avait laissé échapper une occasion de faire la paix. Leygues m’affirme qu’il a parlé et parlera encore à Clemenceau.


Mercredi 22 mai.

L’affaire d’Autriche continue à alimenter les feuilles pacifistes de France et d’Angleterre. Le Daily Chronicle, sur la foi de son correspondant parisien, a imprimé que Ribot et moi nous avions influencé Lloyd George, d’accord avec Sonnino. Œuvre de division poursuivie par Longuet et ses amis qui travestissent les pièces du dossier et renseignent inexactement des journalistes anglais. Renaudel, ce matin, écrit que le moment venu les socialistes demanderont des explications sur l’affaire d’Autriche. C’est leur droit et il sera aisé de les édifier. Mais ni Sembat ni Thomas n’ont jusqu’ici déterminé ni Cachin ni Renaudel à venir se renseigner près de Clemenceau ou de moi. L’ont-ils tenté ?

Cette nuit, deux alertes successives jusqu’à trois heures du matin. À Paris, deux femmes blessées par bombes d’avions ou par obus de tir ? Je ne sais. À Corbeil et aux environs, huit morts et un certain nombre de blessés. Je me suis rendu sur les points de chute et je suis allé réconforter les victimes. J’ai prévenu Pams de ma tournée. Il s’est excusé de ne pas m’accompagner en me