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LES ALLEMANDS ONT PROGRESSÉ

tiendra certainement pas cette autorisation. » Dubost et Deschanel sont tous deux très sévères pour le commandement. Ils assurent que les deux Chambres le sont aussi, que la fin de la dernière séance au Palais-Bourbon a été très houleuse. Doumer me tient à peu près le même langage. Il reproche à Clemenceau de se faire une popularité avec ses voyages au front, autour desquels la presse continue, en effet, à mener grand bruit. Nail, venu aux nouvelles, affirme qu’à la Chambre les amis de Caillaux relèvent la tête et que Ceccaldi parle déjà de l’élargissement du « Président ».


Jeudi 30 mai.

De onze heures à minuit, vaine alerte. Quelques bombes en banlieue. Clemenceau, revenu du front, fait téléphoner à dix heures et demie qu’il viendra demain et que la situation est meilleure.

Mais pendant l’alerte, le général Duparge m’apporte les derniers renseignements et, en réalité les Allemands ont encore progressé. Ils ont à peu près atteint la voie ferrée entre Château-Thierry et Dormans. Leur radio de ce soir annonce 35 000 prisonniers.

Plusieurs interpellations ont été déposées par les socialistes.


Vendredi 31 mai.

Clemenceau me confirme ce matin ce qu’il m’a fait téléphoner hier soir. Il a eu, répète-t-il, en fin de journée bien meilleure impression : « Au début, cela n’allait pas. Je ne rencontrais que des généraux qui se plaignaient de la lenteur des débarquements. Les divisions ne sont pas arrivées très vite, mais il était, hélas ! impossible de faire mieux. Enfin, aujourd’hui, je crois que Château-Thierry ne sera pas pris et qu’ils ne franchiront