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L’OFFENSIVE IMMINENTE

ne sait plus si l’attaque allemande prévue sur l’Oise se déclenchera.

Pétain me rapporte ce mot significatif de Clemenceau : « Le Comité de guerre, c’est moi. »


Samedi 8 juin.

Léon Bourgeois revient du front de Champagne. Il y a beaucoup admiré les dispositions prises par Gouraud. Il trouve Clemenceau trop exclusivement préoccupé de son ambition et de sa popularité.

M. Jules Cahen, du comité républicain du Commerce et de l’Industrie, me dit que Briand est allé le voir ces jours-ci et a protesté contre la campagne qu’on lui prêtait à l’égard du cabinet.

Je communique verbalement à Dubost l’opinion de Foch et celle de Pétain sur la situation militaire.

Franchet d’Esperey qui va remplacer Guillaumat à Salonique me paraît en avoir pris son parti. Il m’assure qu’il avait prévenu Pétain qu’on pouvait être attaqué sur l’Aisne, le kronprinz ayant des réserves disponibles et les intérêts dynastiques rendant toujours vraisemblables les opérations du kronprinz.


Dimanche 9 juin.

Clemenceau, qui est allé hier au front, me rapporte aimablement ses impressions. « J’ai parcouru, me dit-il, tout le front où l’offensive s’annonçait, exactement celui sur lequel elle s’est déclenchée cette nuit. Tout était prêt. Il y avait cependant deux divisions dont le secteur était beaucoup moins étendu que les autres. J’ai prévenu Pétain, qui m’a répondu : « Cela ne me « regarde pas ; c’est l’affaire de Fayolle. » Je vais l’informer. »

Clemenceau ajoute : « Je vous communiquerai un papier important que Jeanneney a trouvé dans