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LE GÉNÉRAL DUBAIL GRAND CHANCELIER

de sincérité et Rault de courage. Mais je ne conclus pas, faute de renseignements précis.

Le général Dubail, nommé grand chancelier de la Légion d’honneur, me rend visite. Il me parle de Monier, dont il n’a pas encore étudié le dossier. Je lui dis qu’Ignace et Sarrut ne croient pas la radiation nécessaire.

La Vérité annonce que la censure l’a priée d’ajourner un « superbe » article de M. Pioch, intitulé : Lui. Elle ne le publiera pas, mais elle déclare que la censure voudra, sans doute, soumettre la question au ministre de l’Intérieur, qui appréciera l’exactitude des observations de l’auteur.


Clemenceau arrive le matin, accompagné de Jeanneney. « Je viens, me dit-il, avec Jeanneney, parce que c’est un autre moi-même. J’ai longuement causé hier avec Pétain. Il est très préoccupé de la prochaine offensive. Il trouve que Foch lui enlève trop de forces pour le Nord. On va être attaqué sur Hazebrouck ou Béthune, puis Arras et Amiens. Le général Debeney aura à supporter une partie de l’attaque. C’est la route de Paris. Pétain croit qu’il faut choisir entre Calais et Paris et c’est la défense de Paris qu’il faut mettre sur le premier plan. Je suis de son avis. S’il le fallait, je sacrifierais Paris à la continuation de la guerre, mais je crois que, militairement, il faut défendre Paris.

— Cela a toujours été mon avis aussi, vous le savez, dis-je. J’ajoute : militairement et moralement.

— Oh ! moralement, non. Le moral est excellent, il n’y a rien à redouter.

— Encore une fois, ne croyez pas cela ; et, en tout cas, faisons l’impossible pour que Paris ne soit pas menacé.