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LA VICTOIRE

Je réponds que la décision ne dépend ni de moi, ni du cabinet, mais du gouverneur militaire.

Gérard, gouverneur du Crédit Foncier, Meusien d’origine, m’annonce qu’il va être mis à la retraite et que Clemenceau, Claveille et Klotz l’ont recommandé pour un poste vacant d’administrateur à la Compagnie des Chemins de fer de l’Est.

Lafferre et Hebrard de Villeneuve viennent me parler de la réunion des Pupilles de la Nation le 14 juillet, au Trocadéro.

À neuf heures du soir, à la gare de l’Est, départ avec Pichon et les invités des Polonais.


Samedi 22 juin.

Nous arrivons à neuf heures du matin à Dienville, dans l’Aube. Nous sommes reçus par le général Gouraud. Nous ont accompagnés ou sont venus par d’autres voies le président du Comité polonais, M. Roman Dukowski, d’autres membres du même comité, Klobukowsky, Chérioux, représentant Paris, Lefas, député mobilisé comme lieutenant à l’armée polonaise. Un quart d’heure d’auto et nous débarquons dans une clairière sur un vaste champ de friches. Très joli cadre ; le ciel est nuageux, mais la température est douce ; il ne pleut pas et le soleil brille par instants.

Nombreux habitants des environs : vieillards, femmes, enfants, qui saluent, applaudissent et agitent leurs mouchoirs. Des gamins sont juchés sur des branches d’arbres.

Trois régiments polonais rangés à la lisière du bois. Ils ont l’uniforme bleu horizon, mais leur béret national. Belle tenue. La plupart ne savent pas un mot de français. Contre un bouquet d’arbres, un autel de campagne est dressé. Un prêtre officie, servi par trois soldats polonais. Debout sur la friche, nous assistons à la messe et à la bénédiction des drapeaux : aigles d’argent sur velours