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L’AFFAIRE CHARLES HUMBERT

son ex-gendre, contre lequel sa fille a obtenu le divorce. « Il ne m’est plus rien, me dit-il, mais il est le père de ma petite-fille. »

Me Moro-Giafferri vient me demander si je ne pourrais pas déposer dans l’affaire Humbert. Je lui réponds que, sur avis du gouvernement, j’ai refusé dans l’affaire Malvy et que je ne puis que conserver la même attitude. Je ne puis intervenir, même comme témoin, dans des affaires judiciaires. Comment exercer le droit de grâce après avoir pris parti dans une affaire ? Comment s’exposer à ce qu’on dise que le président cherche à influencer la justice ? Me Moro-Giafferi s’attendait à mes objections et paraît se rendre aisément à mon avis.

Stephen Pichon m’apprend que les Polonais désirent qu’à la prochaine remise des drapeaux, je remplace dans mon discours le mot « Allemagne » par « Empire germanique ». Les Polonais savent trop bien que l’Allemagne n’a pas changé.


Vendredi 21 juin.

Mon cousin Émile Boutroux vient me dire : « J’ai vu Ribot ces jours-ci et il m’a engagé à te parler de mon bibliothécaire (de la fondation Thiers) Montayé. Montayé prétend qu’il y a contre toi un complot royaliste et qu’on te reproche d’avoir dissimulé des pièces dans l’affaire Sixte. Sais-tu quelque chose de cette campagne ? » J’explique à Boutroux que les attaques sont les mêmes contre Ribot et contre moi et qu’elles ne reposent sur rien.

La Vérité continue ses entrefilets quotidiens intitulés Lui et me désigne clairement sous ce pronom.

Eugène Lautier m’affirme que Leymarie renonce à introduire un recours en grâce, mais il voudrait n’être incarcéré qu’après avoir été entendu comme témoin dans les affaires Malvy et Charles Humbert.