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LES FROTTEMENTS DU COMMANDEMENT

enquête ; j’en ai encore pour quinze jours ou trois semaines. N’est-ce pas, Jeanneney ? Je réunis des documents empruntés aux autorités militaires et aux autorités civiles et procurés par des moyens dont nous disposons. Je serai à même de conclure dans quelque temps, et j’apporterai des propositions au Conseil. »

Pichon dit qu’il va communiquer aux gouvernements alliés et aux commissions parlementaires les travaux de la commission Léon Bourgeois sur la Société des Nations, mais sans conclusion du gouvernement. Aussitôt Clemenceau, qui a évidemment imposé à Pichon cette dernière réserve, se lance dans des plaisanteries sans fin sur la Société des Nations et sur Bourgeois. Il est de toute évidence qu’il n’a rien lu du dossier et qu’il se méprend du tout au tout sur les idées de Bourgeois et de Lavisse. Mais il est dans un de ces moments de parti pris où il est inutile d’essayer de le retenir.

Pichon soumet au Conseil un projet de traité avec le prince de Monaco : protectorat de la France, précaution pour la succession, etc. Ensuite, jusqu’à la fin du Conseil, affaires courantes. Elles ne courent pas vite, en ce moment.


Mercredi 26 juin.

Comité de guerre.

Clemenceau décrit avec des détails confus ce qu’il appelle les frottements du commandement : difficultés entre Foch et Pétain à propos de l’insuffisance de l’état-major du premier, à propos des tanks, à propos des divisions que chacun réclame à l’autre.

À la fin du Conseil, Pichon lit une note sur l’intervention japonaise apportée par l’ambassadeur et sur les instructions qu’il a données, lui, Pichon, aux ports alliés à propos de cette intervention.