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NOTE SUR LES BUTS DE GUERRE

Au contraire, l’Angleterre, se ravisant, a fait connaître, par un mot de Bertie, qu’elle était maintenant d’avis que le Japon se chargeât de l’ordre en Sibérie et de la protection du Transsibérien.


Lundi 28 janvier.

À midi et demi, arrive Clemenceau.

« Je viens, me dit-il, vous montrer un projet de note que j’ai préparé avec Pichon sur les buts de guerre.

— Oui, Pichon m’a remis ce projet hier soir : le voici :


Paris le 27 janvier 1918.

Les déclarations récemment faites à Berlin et à Vienne font apparaître entre les Alliés d’une part et les puissances ennemies de l’autre, une situation qu’il est nécessaire de préciser.

Non pas qu’il y ait concordance entre ce qu’ont dit le ministre des Affaires d’Autriche-Hongrie et le chancelier de l’Empire allemand, le comte Czernin ayant employé la formule de paix sans annexion ni indemnité qui se trouve condamnée par l’exposé du comte Hertling.

Mais cette différence de langage n’est qu’une apparence. Elle disparaît au fond devant l’assurance donnée par le comte Czernin que la monarchie austro-hongroise, « est fermement résolue à être fidèle aux engagements d’alliance pris pour défendre ses alliés à outrance ». Les négociations entreprises avec les maximalistes russes ont, d’ailleurs, permis de juger de la franchise des affirmations contraires aux desseins de conquête et d’annexion.

Il s’ensuit qu’en toute hypothèse l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie restent unies et solidaires dans la poursuite d’une politique commune d’hégémonie et d’oppression des nationalités.

Nous sommes en présence de déclarations formelles