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LA VICTOIRE

Une délégation du Conseil municipal vient m’inviter pour dimanche à l’Hôtel de Ville. On donnera les noms de George V, de Victor-Emmanuel, d’Albert Ier à des avenues. Je conseille d’ajouter Pierre Ier, ce qui est accepté.

Sauerwein, du Matin, me dit que Bunau-Varilla craint que Clemenceau n’ait pas une confiance absolue en son dévouement ; qu’il n’est pas vrai que l’influence de Briand s’exerce d’une manière excessive sur le Matin.

Les officiers de liaison m’apprennent qu’on s’attend au G.Q.G. à ce que l’attaque allemande se déclenche dans vingt-quatre ou quarante-huit heures par une opération sur Reims ou sur la Meuse.


Mardi 9 juillet.

Départ à sept heures et demie du soir par la gare de l’Est. Dîner dans le train. Seuls Duparge et Herbillon m’accompagnent. À neuf heures, arrivée à Mormant, où je suis attendu par le général Foch. Je monte en auto et j’arrive à la nuit tombante à son quartier général. Il est installé dans un magnifique château au sud de Mormant, à l’est de Melun, loin du front et des armées. C’est un vaste château Louis XIII, en briques, au milieu d’un parc splendide. Nous entrons de plain-pied dans un immense salon dont le général a fait son cabinet. J’ai avec lui, seul à seul, une conversation d’une heure.

Il commence par me dire, sur question de moi, que la résolution votée par le Comité de Versailles ne l’inquiète pas, le texte définitif ayant tenu compte des observations qu’il avait présentées. Mais la première rédaction de Lloyd George lui avait paru inacceptable. Il aurait préféré se retirer que de la subir. Avec le texte voté, il restera maître de ses plans et le Comité de Versailles se