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LA VICTOIRE

allés jusqu’à Bruyères. Je me suis attendu à un grand succès. Mais dans la nuit, j’ai été rejeté de Bruyères par une contre-attaque. Ah ! si j’avais eu seulement une ou deux divisions fraîches ! »

Degoutte, petit, résolu, simple, modeste, fait très bonne impression.

Nous revenons déjeuner dans mon train à Mareuil-sur-Ourcq, Degoutte et moi. Après déjeuner, je prends congé de Degoutte et monte dans une auto de la 10e armée, envoyée par le général Mangin. Je me rends d’abord au château de Maucreux, à l’est de Faverolles. Il est à demi démoli et a été systématiquement pillé par les Allemands. J’y suis reçu par le général Prax, commandant le 11e corps d’armée. Il m’annonce que les troupes viennent d’entrer à Oulchy-la-Ville et même, croit-il, à Oulchy-le-Château. (Ce dernier renseignement, successivement démenti et confirmé, s’est trouvé prématuré.) (Dans la cour du château, prisonniers allemands) ; puis je vais à Villers-Hélon, Louatre. À la ferme de Beaurepaire, le général Prioux commandant la 158 D., qui a pris Villemontoire ce matin, m’explique que dans la vallée voisine, remplie de « creutes », les Allemands tiennent encore, avec des mitrailleuses. On essaiera de les déloger cette nuit.

Dans la cour de la ferme voisine, des prisonniers allemands, capturés à Villemontoire. Les Français les forcent à se lever pour me saluer. Leur chef, un capitaine faisant fonction de chef de bataillon, est neveu du prince de Bülow. Il a été stupéfait, paraît-il, en apprenant qu’il y a en France plus de 50 000 Américains.

Dommiers, Cœuvres, ruines, ruines !

Au nord de la forêt de Villers-Cotterets, à Montgobert, visite au Q. G. du général Berdoulat qui commande maintenant le 20e corps. Puis, par la forêt, dont les routes enfoncées sont