Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/307

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que demain, en Conseil, nous nommions Foch maréchal et que nous donnions la médaille militaire à Pétain ?

— Oui, certes, j’allais précisément vous en reparler. Le moment paraît bien choisi.

— Je les ai vus tous les deux. Je ne leur ai rien dit pour leur ménager une surprise.

— Il me semble qu’il sera convenable que nous allions ensuite, vous et moi, leur remettre le bâton et la médaille.

— Oui, certainement, nous irons ensemble un jour prochain. C’est naturellement vous qui ferez la causerie, mais je vous encouragerai.

— Bien entendu.

— Maintenant, continue Clemenceau, vous avez écrit à Pershing pour lui annoncer le décret que j’ai signé avant-hier et qui lui confère le grand cordon ? Ne pensez-vous pas qu’il conviendrait que je lui remisse les insignes à son grand quartier général ? Le roi d’Angleterre vient d’arriver à Paris. Il nous a invités à déjeuner pour mercredi et j’ai un peu l’idée qu’il réserve quelque politesse aux Américains. »

— Oh ! oui, vous avez mille fois raison, dis-je ; partez ce soir même, je vous en prie.

— Mais le Conseil de demain matin ?

— Nous le remettrons à demain soir.

— Très bien.

— Maintenant, il faut que je vous parle de Lloyd George. Il est de plus en plus insupportable et il me force de plus en plus à travailler contre lui avec Haig et avec Derby, qui ne sont pas forts mais qui sont des braves gens. Tenez, voici ce qu’il m’a encore écrit. »

Je lis une lettre de Lloyd George, disant d’abord qu’il sera impossible de transporter avant juillet plus de quatre-vingts divisions américaines et que, même pour ce transport, l’Angleterre ne