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toujours par camaraderie ; il faudra bien qu’il cède. » Je renouvelle mes observations au sujet d’Aldebert et de Boulangé et je n’obtiens toujours aucune explication sur les griefs que Clemenceau croit avoir contre eux. Je lui répète que Boulangé a une lettre de Pétain qui le couvre entièrement. Il me répond qu’il se la procurera. Il est buté, comme il lui arrive si souvent dans les questions de personnes, et il reprend : « Du reste, cela va toujours très bien entre Pétain et moi. Je ne sais pas, d’ailleurs, comment on pourrait le remplacer. Il y a bien Guillaumat…

— Le remplacement de Pétain ne serait compris de personne et provoquerait une grosse émotion.

— Oh ! je ne songe pas du tout à le remplacer ; je me demande seulement par qui on pourrait le remplacer, s’il disparaissait. Voyons, quoi encore ? Ah ! oui, la classe 1920 ! J’espère que je ne serai pas forcé de l’appeler avant le printemps. Cela dépendra de ce que donneront les Américains. »

Clemenceau me parle également de son projet de visite au roi des Belges. « J’ai, me dit-il, prié Pichon d’arranger cela ; mais surtout après l’affaire Czernin et l’affaire du Comité de Versailles, je ne veux pas paraître faire le premier pas ; je veux être invité. Dès que j’aurai reçu l’invitation, je me rendrai en Belgique. »

Allizé, qui vient me voir, croit que l’imagination de Boucabeille lui a fait accueillir trop aisément l’idée d’une révolution à Berlin. Avant de suivre l’affaire, ajoute-t-il, il est bon que je me renseigne moi-même. » Il reviendra en octobre avec des conclusions fermes.


Mardi 20 août.

Sixième anniversaire de ma naissance, à l’Élysée. Je reçois une multitude de vœux officiels, dont ceux des chefs d’État alliés. Le roi