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George V et le roi Albert Ier m’envoient, comme tous les ans, un message chaleureux. Quand j’ai reçu le premier à Sampigny, je ne prévoyais guère ce qui s’est passé depuis.

Le commandant Challe m’apprend que Clemenceau et Tardieu sont partis ensemble pour aller voir Foch. Il sait que c’est Tardieu qui, impressionné par les pertes qu’ont subies les Américains dans les premiers combats, inspire à Clemenceau des objections contre l’opération de Saint-Mihiel. Je charge Challe d’indiquer de ma part à Foch que si l’on cherche à exercer une pression sur lui, il faut qu’il m’en prévienne et que j’aviserai.

Il convient d’autant plus que Foch se décide en toute liberté pour ou contre l’opération de Saint-Mihiel, que les Américains trouveraient fort indiscrète une intervention du gouvernement français et que Pershing lui-même a dit à Clemenceau : « Ne vous préoccupez pas de nos pertes ; elles ne sont pas de nature à ralentir l’élan de l’Amérique. Nous sommes assez forts et assez nombreux pour les supporter. »


Jeudi 22 août.

Boret m’envoie à la signature la nomination de Henry Bérenger comme commissaire général aux essences et aux combustibles.

Herbillon et Challe m’assurent que malgré la démarche de Clemenceau et de Tardieu, Foch est résolu à laisser les Américains contribuer à l’opération de Saint-Mihiel à côté de nos troupes et sous la haute direction de Pétain.

D’après Buat, si l’armée Mangin disposait de trois ou quatre divisions à sa droite, on pourrait décrocher les Allemands de l’Aisne. Malheureusement, ces divisions ne sont pas libres. Foch est allé voir aujourd’hui les Anglais qui ont fait une