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LA VICTOIRE

prochaines élections sénatoriales. Les représentants et plusieurs habitants me demandent de me représenter. Très touché de cette fidélité, je ne refuse pas.

Mardi 15 octobre.

Conseil des ministres. Avant la séance, Clemenceau me prend à part dans une embrasure de fenêtre et me parle des Américains. Il me dit qu’il a envoyé Mordacq à Foch pour lui recommander de l’énergie envers eux. « J’irai le voir demain, ajoute-t-il. Aujourd’hui, j’ai donné rendez-vous à Pétain, pour savoir comment vont les choses. J’ai recueilli la certitude que nos divisions étaient très fatiguées. Nous avons donc maintenant le devoir de tirer meilleur parti des Américains. »

Pichon me remet les procès-verbaux de la Conférence des Alliés remaniés par Berthelot. Il y est prêté à Clemenceau et à Pichon un langage concordant avec mes conseils.

Pichon lit au Conseil la deuxième réponse de Wilson au sujet d’un armistice. Elle est ferme et meilleure que la précédente. Il lit un télégramme de Saint-Aulaire disant que la Roumanie est mécontente de constater que l’armistice bulgare ne contient pas l’évacuation de la Dobroudja. Clemenceau éclate : « Ils en ont une audace, ces Roumains ! Ils nous ont lâchés et maintenant il faudrait nous occuper d’eux ; c’est trop fort ! »

Il lit ensuite la communication que lui a faite la Suisse de la part de l’Allemagne au sujet du bombardement des grandes villes. Tout le monde est d’avis que l’Allemagne essaie un chantage auquel il faut répondre fermement.

À la fin de la séance, Ignace expose les raisons pour lesquelles Clemenceau et lui croient devoir envoyer devant la Haute Cour Caillaux, Lous-