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VOYAGE DANS LA MEUSE

« On touche à la fin de la guerre. » Nous allons par Bras et Charny voir le champ de bataille actuel de la rive droite de la Meuse. Malheureusement les nuages sont bas, le temps n’est pas clair et il finit par pleuvoir. Nous nous arrêtons au poste de commandement du général Andlauer, à qui je remets la cravate de commandeur devant ses braves Sénégalais qui se sont très bien conduits.

Nous allons sur la rive gauche voir le champ de bataille américain et le nôtre. Puis à Verdun où une remise de croix se fait à l’intérieur de la citadelle. L’évêque vient au-devant de nous, tout de rouge habillé. Je me borne à faire lire les motifs des décorations et à donner l’accolade aux nouveaux légionnaires.

Nous reprenons ensuite les autos et rejoignons le train à Dugny. Develle, Grosdidier, Maginot, Revault, Thiéry, tous les représentants sont là, avec l’évêque et le préfet. Nous déjeunons dans le train en allant à Saint-Mihiel.

Les belles prairies de la Meuse sont méconnaissables, elles n’ont plus figure de pâturages. Pas une vache. Souvenirs de la discussion sur la vaine pâture, où êtes-vous ?

Nous arrivons à ce qui fut la gare de Saint-Mihiel. Toutes les maisons voisines sont démolies. Nous traversons la Meuse sur une passerelle jetée par le génie et, par des rues boueuses, nous montons à la mairie. La ville a beaucoup souffert, depuis sa libération. L’ennemi ne cesse de faire sur elle des raids aériens. Thiéry nous conduit ensuite à la bibliothèque et à la Cour d’assises, dont les Allemands ont enlevé les boiseries pour les brûler.

Nous repartons pour Commercy où, à la nuit tombante, je remets des décorations sur la place de l’Hôtel-de-Ville. On parle incidemment des