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VISITE À LAON

était pleine de monde. Sur le perron étaient groupés le général Mangin, des officiers et les notables de la ville. Une foule enthousiaste était devant nous. Une musique militaire jouait la Marseillaise, et la foule faisait écho. Ce furent quelques instants d’une émotion telle que les soldats eux-mêmes avaient les larmes aux yeux. Tête nue, sur les marches du perron, je me borne, cette fois encore, à pousser un grand cri de « Vive la France ! » cri qui est immédiatement répété par la multitude.

J’entre alors dans l’hôtel de ville où je trouve le général Mangin, les conseillers municipaux et les notables. M. Michaud, premier adjoint au maire, m’adresse une touchante allocution. Il exprime le regret que M. Ermant, sénateur, ne soit pas là. Il a été emmené par les Allemands deux jours avant la libération. J’adresse, à la population, quelques mots de remerciements et de félicitations. Je flétris l’enlèvement de M. Ermant. Je rappelle que je suis, il y a quelques semaines, allé au fort de Condé voir de là les tours de la cathédrale de Laon et j’ajoute que je suis profondément heureux de pouvoir désormais les regarder de près. Là aussi, j’offre un déjeuner froid à la municipalité, aux sénateurs, aux députés et au général Mangin. Après ce repas, je parcours la ville à pied au milieu de la foule.

Puis, après avoir laissé des secours pour les pauvres, je reviens avec les ministres, le préfet et les représentants du département, par le moulin de Laffaux je m’arrête devant l’immense dévastation du champ de bataille où chaque pouce de terrain a été si longtemps disputé.

Je rentre à Soissons à la fin de l’après-midi et je reçois la visite du général Pétain. Je le retiens à dîner avec les ministres, les sénateurs et les députés.