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TEXTE D’UN ARMISTICE AVEC L’ALLEMAGNE

dernier, il serait préférable d’ajourner l’envoi. J’étais, du reste, moi-même assez hésitant et j’avais dit à William Martin qu’il y avait des inconvénients, soit à parler de Trieste, soit à n’en pas parler. Mais Pichon avait donné pour l’ajournement une autre raison, c’est que l’armistice avec l’Autriche, qu’on croyait signé, ne l’était peut-être pas encore définitivement. D’autre part, les officiers de liaison m’avaient annoncé que le texte de cet armistice, que Clemenceau m’avait dit hier par téléphone devoir être publié demain matin, ne le serait pas. J’étais donc impatient d’avoir à ce sujet des informations. Et ni Clemenceau, ni Pichon, n’étaient venus m’en apporter. À sept heures du soir, j’ai téléphoné à Pichon. Il m’a répondu que Clemenceau et lui étaient toujours d’avis que je ne télégraphie pas au roi d’Italie. J’ai répliqué, malgré tout, qu’il me paraissait bien difficile de ne pas manifester, que nous allions sans doute nous laisser devancer par le roi d’Angleterre, et que nous risquions de nous brouiller à la fois avec les Italiens et avec les Yougoslaves.

Pichon m’apprend que le Conseil supérieur interallié a terminé aujourd’hui ses délibérations et que le texte d’un armistice avec l’Allemagne a été adopté à peu près tel que Foch l’a présenté. En ce qui concerne les conditions navales, les chefs des gouvernements ont substitué à la livraison des bâtiments, l’internement. En ce qui concerne l’armistice avec l’Autriche, ce serait par erreur qu’on aurait dit qu’il avait été signé avec des réserves ou des changements. La publication qui devait avoir lieu demain matin n’a été retardée que pour permettre à Clemenceau d’en donner d’abord connaissance à la Chambre.

Mardi 5 novembre.

En vue de la séance de cet après-midi à la