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L’ALLEMAGNE ACCEPTE LES CONDITIONS

d’Italie, d’Angleterre, du Japon et leurs femmes, les ministres alliés, Venizelos, etc.

Mme House me dit, au cours du repas, que Wilson compte venir prochainement et qu’elle espère que je lui rendrai sa visite en Amérique.

Après déjeuner, Dubost me raconte qu’à la séance d’aujourd’hui, après les discours affichés que Pichon et lui ont prononcés, Milliès-Lacroix a déposé une proposition déclarant que Clemenceau, l’armée française et le maréchal Foch ont bien mérité de la Patrie. La proposition a été renvoyée à la Commission de l’armée. Chéron y a lu aussitôt un rapport dithyrambique. Le scénario était réglé d’avance. Clemenceau, qui était au courant, n’était pas venu. Il n’est arrivé qu’après le vote et a été immédiatement très entouré.

Vendredi 8 novembre.

À dix heures, Clemenceau arrive avec Pichon. « Je viens vous rassurer, me dit-il. Je suis depuis hier en communication téléphonique avec Foch. Soyez tranquille. Tout est fini. L’Allemagne est à bout ; elle accepte tout.

— Je le souhaite, dis-je avec un peu d’incrédulité. Mais en ce cas, je vous demanderai une faveur.

— Laquelle ?

— Ce sera d’aller avec vous à Metz et à Strasbourg, dès qu’il sera possible d’y aller.

— Bien volontiers.

— Je ne crois pas qu’il soit bon que nous y allions séparément.

— Non, je n’y serais pas allé sans vous.

— Merci. Je veux vous embrasser à Metz et à Strasbourg.

— Volontiers.

— Je ne crois pas qu’il soit possible de faire ce voyage officiellement pendant l’armistice. Mais