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LA VICTOIRE

nous pouvons aller visiter les troupes tous deux sans apparat.

— Parfaitement, c’est entendu. »

Je reste ensuite avec Pichon et je m’entends avec lui sur quelques affaires urgentes.

À onze heures, je reçois les renseignements télégraphiques envoyés par Foch :

« Ils sont arrivés avec un pouvoir en règle du Chancelier. Ils ont formellement demandé un armistice. On leur a lu le texte et on le leur a remis. Ils ont l’air d’être complètement consternés. Ils ont demandé à arrêter les hostilités tout de suite. Cela leur a été refusé. Ils semblent en bonne forme pour nous satisfaire. »

Je pars à la fin de la journée pour la Belgique. Je dois rencontrer le roi et le général Degoutte à Bruges.

Samedi 9 novembre.

J’ai de longues conversations avec le roi à Bruges et à Ostende. Je le trouve, comme toujours, très ferme et très vaillant, mais il est attristé de l’armistice qui, dit-il, lui arrache la victoire des mains. Ses troupes allaient entrer à Gand demain ou après-demain et à Bruxelles dans quelques jours. Le général Degoutte me paraît, lui aussi, dans les mêmes sentiments. L’armée belge était en très belle forme et les Allemands étaient sur le point d’être battus. Ils vont se flatter d’avoir échappé à la défaite.

Lundi 11 novembre.

Je rentre à Paris le matin. Quelques minutes après mon arrivée, le général Mordacq vient, de la part de Clemenceau, me dire que l’armistice est signé. Clemenceau désire que le secret soit conservé jusqu’à ce qu’il ait lu l’armistice à la Chambre. Mais comme le feu doit cesser à onze heures sur