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LA VICTOIRE

Il indique aussi, sur l’avis d’un général qu’il ne nomme pas, qu’il laissera aux poilus démobilisés, comme souvenirs de guerre, leurs casques portant leurs noms.

Pams aborde la question des élections et celle du régime électoral. Clemenceau exprime l’idée qu’il serait désirable de faire les élections le plus tôt possible après la paix, que cela amènerait l’écrasement des socialistes. Je fais remarquer qu’il faudra, tout au moins, refaire les listes électorales, que le travail sera très long dans les régions libérées et qu’il faut également préparer l’Alsace-Lorraine. Mais visiblement, je suis en présence d’un plan politique.

Longue discussion sur la loi des dommages. Lebrun et Klotz soutiennent l’idée du remploi obligatoire. Clemenceau prend vivement parti en sens inverse, il réclame la liberté individuelle, proteste contre l’étatisme.

Le débat n’aboutit pas, chacun reste sur ses positions.

Paris est toujours en fête. Le nom de Clemenceau est sur toutes les lèvres. Des bandes joyeuses passent dans les rues.

Le prince japonais Yourihito, revenu du front et repartant pour l’Italie, me rend visite.

Ribot vient me féliciter. Il me dit que la proposition Milliès-Lacroix a été préparée par Mandel. Il me déclare aimablement qu’il a été choqué que mon nom ne fût pas ajouté. Je lui réponds que constitutionnellement il était difficile de citer le président de la République. Il insiste et dit qu’à son avis, c’eût été utile pour la République elle-même.

Jeanneney vient me dire que Clemenceau, pour des raisons qu’il n’indique pas, croit nécessaire de reculer un peu notre départ pour Metz et Strasbourg. Il ajoute que Clemenceau est d’avis