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VISITE AU ROI D’ANGLETERRE

Le soir, dîner dans la grande salle des fêtes, où les tapisseries sont rentrées à la faveur de l’armistice et où pour la première fois depuis la guerre, je passe un habit avec le collier de Victoria.

Vendredi 29 novembre.

À midi, déjeuner au ministère des Affaires étrangères. Mme Pichon est dans tous ses états parce qu’on n’arrive pas à ouvrir les huîtres et que le repas s’en trouve retardé. Elle explique la mésaventure au roi, qui répond aimablement, mais qui, une fois à table, ne prend pas d’huîtres.

Pendant le déjeuner, j’insiste auprès de Pichon, qui est à ma gauche, pour qu’en vue de la paix il soumette au gouvernement des conclusions précises sur les questions orientales et coloniales. Jusqu’ici, il les a trop négligées sous l’influence de Clemenceau, qui s’en est toujours désintéressé.

Après le déjeuner, je rentre à l’Élysée, puis je viens reprendre le roi pour le conduire à l’Hôtel de Ville. À l’aller, long détour par les boulevards et l’avenue de l’Opéra. Toujours une foule aussi compacte et la même joie frénétique. Jamais Paris n’a été plus vibrant. Clemenceau, souffrant d’un rhume, ne vient pas et ne paraît pas à l’Hôtel de Ville.

Bon discours de Mithouard, président du Conseil municipal. Promenade traditionnelle dans les salles pour gagner le buffet.

Retour par la pluie et la nuit, toutes deux croissantes.

Le roi m’exprime l’espoir que je lui rendrai sa visite. Je réponds affirmativement. Il me remercie, mais il dit qu’à cause de l’hiver et du sombre climat de Londres, il est préférable que j’attende quelques mois avant de faire le voyage.

Le soir, dîner à l’ambassade d’Angleterre. Bonin, qui est parmi les convives, m’annonce que le roi