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LA VICTOIRE

d’Italie accepte de venir à Paris et qu’il compte que je lui rendrai sa visite.

Le cardinal Amette vient, après le dîner, à la réception donnée par l’ambassade. Je lui serre la main. Il me dit que le pape lui a recommandé une demande de l’Allemagne au sujet du ravitaillement. Je lui réponds que les gouvernements anglais et français se sont mis d’accord pour ravitailler l’Allemagne dans toute la mesure qu’exige l’humanité, mais à la condition que l’Allemagne exécute l’armistice et fournisse les moyens de transport nécessaires, comme elle l’a promis.

Samedi 30 novembre.

Le roi part à neuf heures du matin par la gare de l’Esplanade des Invalides. Je vais lui faire mes adieux et Clemenceau assiste au départ.

Albert Thomas vient me voir dans la matinée au sujet d’une cérémonie qui doit avoir lieu demain à Champigny et à laquelle il m’invite. Il me dit que Clemenceau, recevant la Confédération du Travail, lui a déclaré : « Vous pensez bien que ce n’est pas à mon âge que je vais me faire colonial. »

Dubost me confie qu’il a causé longuement avec Clemenceau et s’est à peu près réconcilié avec lui. Il ne croit pas que le président du Conseil veuille maintenant le combattre à la réélection du bureau du Sénat. Il est convaincu que Clemenceau n’a plus qu’un seul but, arriver, coûte que coûte, à la présidence de la République.

Telle est également la conviction de Deschanel. J’avoue que je ne comprends pas très bien comment un homme d’action, qui tient à sa réputation de force et d’énergie, peut songer à un poste d’inaction obligatoire et de représentation continue.