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LE PRÉSIDENT WILSON À L’ÉLYSÉE

vous, à une paix de justice et de sécurité.

« Ce n’est pas pour être exposés à des recommencements d’agression qu’elle s’est, résignée à tant de sacrifices. Ce n’est pas non plus pour laisser des criminels impunis relever la tête et préparer de nouveaux assassinats que, sous votre forte impulsion, l’Amérique s’est armée et a traversé l’Océan.

« Fidèle au souvenir de La Fayette et de Rochambeau, elle est venue secourir la France parce que la France elle-même était fidèle à ses traditions. Notre idéal commun a triomphé. Nous avons défendu ensemble les principes vitaux des sociétés libres. Nous avons maintenant à édifier ensemble une paix qui ne permette pas la reconstitution directe ou hypocrite des organisations de conquête et d’oppression.

« Pour les misères et les tristesses d’hier, il faut que la paix soit une réparation ; contre les périls de demain, il faut qu’elle soit une garantie. L’association qui s’est formée pour la guerre, entre les États-Unis et les Alliés et qui contient le germe de cette institution permanente dont vous avez si éloquemment parlé, va trouver, dès maintenant, un emploi précis et bienfaisant dans l’étude concertée des solutions équitables et dans le mutuel appui dont nous avons besoin les uns et les autres, pour faire prévaloir nos droits.

« Quelques précautions d’avenir que nous prenions, personne, hélas ! ne peut affirmer que nous épargnerons pour toujours à l’humanité l’horreur de guerres nouvelles. Il y a cinq ans, le progrès de la science et l’état de la civilisation auraient dû permettre d’espérer qu’aucun gouvernement même autocratique, ne réussirait à jeter des peuples en armes sur la Belgique et sur la Serbie. Sans avoir l’illusion que la postérité soit jamais complètement à l’abri de ces folies collectives, nous devons mettre dans la paix que nous ferons toutes les