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LA VICTOIRE

porte un rapport rédigé, dit-il, par un informateur sûr et honnête, qui a été en relations avec des Autrichiens qui ont la confiance de Czernin. L’Allemagne y est représentée comme encore très forte et l’Autriche comme non épuisée, mais comme désirant la paix. Les conditions qu’elle jugerait acceptables seront le statu quo ante. Rien pour l’Alsace ; rien pour la Lorraine.

Visite d’Émile Fabre candidat à l’Académie française.

Ignace vient me rendre compte de la suite des débats dans l’affaire Bolo. Il est très satisfait. Mornet a versé toutes les pièces aux débats et les a commentées en justifiant l’instruction. Bouchardon a été entendu et a produit grand effet. Puis Mornet a prononcé un remarquable réquisitoire. Ignace considère la condamnation comme certaine, sans circonstances atténuantes.

Mais Painlevé et Ribot ont demandé, paraît-il, aux ministères de la Guerre et des Affaires étrangères, la communication des lettres qu’ils ont reçues ou écrites. À la Chambre, l’émotion est très vive à la suite des renseignements donnés par Mornet sur la responsabilité des deux ministres dans les lenteurs de l’instruction.


Mardi 14 février.

Louis Barthou m’annonce qu’il va se présenter à l’Académie et qu’il a commencé les visites d’usage ; il a bon espoir et je compte moi-même sur son succès.

Le général Cadorna, rappelé à Rome, est ulcéré des attaques dirigées contre lui au Parlement italien, particulièrement par les socialistes, parce qu’il a, dit-il, maintenu la discipline malgré les défaites et « limogé » quelques chefs. « Que pouvais-je faire avec une armée que démoralisait la propagande pacifiste et qui fuyait ? »