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PROJET D’UNE SOCIÉTÉ DES NATIONS

André Lebey me raconte que l’année dernière, deux mois avant la grève des midinettes, Caillaux lui a tenu, dans la rue Royale, les propos suivants : « La politique de Briand et de Poincaré est finie. Il faut faire un dernier effort militaire et négocier. »

André Lebey est convaincu que Mandel (collaborateur intime de Clemenceau) est politiquement lié avec Caillaux.


Vendredi 15 février.

Léon Bourgeois, qui vient causer avec moi, est, comme Freycinet, très préoccupé des conflits auxquels peut donner lieu le commandement de l’armée de manœuvre. Il en a parlé à Freycinet et à Clemenceau. Il me dit que Lavisse, Richepin et Hanotaux voudraient trouver une combinaison qui lui permît d’entrer à l’Académie ; mais il craint de risquer un échec et préfère ne pas se présenter.

M. Beauguitte, Meusien, nommé préfet de la Haute-Loire, me rend visite.

Milliès-Lacroix m’apprend qu’il est chargé au Sénat d’un rapport sur les achats faits par Charles Humbert en Amérique et qu’il croit que celui-ci a reçu des commissions. Je lui réponds que, le moment venu, je prendrai connaissance de son travail.


Samedi 16 février.

Nail vient, dans la matinée, me soumettre des mouvements qu’il compte faire dans la magistrature.


Dimanche 17 février.

Ernest Lavisse me parle, après Léon Bourgeois, d’un projet qu’il ont conçu pour la création d’une Société des Nations. Ils sont d’avis que le Gouvernement français doit le soumettre au président