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LA VICTOIRE

montre que je ne me trompe point. Alors Pichon : « Oh ! bien, on étudiera la question. »

Lafferre demande avec fermeté à être autorisé à révoquer deux instituteurs parisiens, MM. Loriot et Isambert, qui ont publié un placard injurieux contre le gouvernement et qui l’ont fait distribuer à la Confédération générale du Travail.

Le reste de la réunion est surtout consacré à l’exposé fait par Claveille des projets de relèvement des tarifs des chemins de fer.


Vendredi 8 mars.

Clemenceau m’avait dit hier que, d’après une note remise par Bertie au Quai d’Orsay, la Serbie négocierait avec l’Autriche, qui lui aurait promis le Monténégro. J’ai demandé communication de cette note au ministère des Affaires étrangères ; William Martin, chef du protocole, me répond qu’on l’ignore.

Interpellation de M. Constant, député, contre le cabinet Clemenceau. Le Tigre se défend avec une belle vigueur et l’emporte de haute lutte.

Des séries d’escadrilles d’avions allemands survolent Paris. Je ne bouge, bien entendu, que pour aller visiter, aux points de chute, les victimes qui me sont signalées par la préfecture de Police. Mais, comme l’Élysée paraît spécialement visé, je crois devoir, malgré l’avis contraire de Clemenceau, laisser les domestiques et les huissiers descendre dans les caves avec les chiens et le chat. Le général Mordacq, chef de cabinet de Clemenceau, s’en dit scandalisé.

Des bombes sont tombées à La Chapelle, à Vincennes, au Perreux, rue Drouot, rue Geoffroy-Marie. Je me rends en automobile dans cette dernière rue, où une maison s’est effondrée. Maurice Faure, sous-secrétaire d’État, M. Mithouard, président du Conseil, le préfet de la Seine et le