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PRÉPARATIFS DE CONTRE-ATTAQUE

Les nouvelles militaires qui m’arrivent ensuite sont encore médiocres. Nos divisions se reforment peu à peu, mais le général Debeney ne veut les engager que lorsqu’elles seront entièrement dotées de leur artillerie et suffisamment nombreuses. En attendant, il ne se couvre que par des éléments légers et il est forcé de céder du terrain. Montdidier sera, sans doute, pris demain.

À dix heures du soir, Loucheur, qui revient du quartier général de Foch, installé maintenant à Beauvais, me rapporte une impression assez favorable. Foch n’a pas été de l’avis de Debeney et il n’a pas voulu attendre pour essayer de dégager Montdidier. On contre-attaque demain matin avec une division qui a son artillerie et une autre qui ne l’a pas. Foch ne désespère pas de réussir.

Loucheur est très mécontent de Pétain qu’il trouve tout à fait défaitiste et qui lui a dit il y a quelques jours : « Il faudrait entamer des pourparlers de paix. » Sur ce mot, Loucheur a consulté Foch, qu’il connaît depuis longtemps et qui lui a répondu : « C’est de la folie. Nous en avons connu d’autres. » Foch croit qu’on pourra arrêter l’ennemi. Si on n’y réussit pas, on pourra, en tout cas, d’après lui, se défendre sur la Somme.


Jeudi 28 mars.

Dubost m’apporte encore une nouvelle lettre de Micheler, qui insiste pour qu’on prépare une contre-offensive. Dubost pense que si la bataille est perdue et si l’ennemi offre la paix, on sera peut-être amené à la subir. Son bel enthousiasme patriotique semble bien tombé.

Herbillon m’apprend que le général Pershing a offert de mettre en secteur la totalité des troupes américaines arrivées en France. Herbillon me