Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/36

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je suis très étonné de la nouvelle allure de sa polémique. Je ne le suis pas moins des faits qu’il allègue. Je n’en ai point entendu parler et ils ne paraissent guère vraisemblables. J’ai entendu dire, il est vrai, par des députés modérés, que si le ministre des Finances favorisait, en ce moment, I’admission d’emprunts étrangers, c’était parce qu’ils procuraient, à la veille du scrutin, des fonds électoraux. Mais le Figaro raconte des choses encore moins élégantes, que les adversaires les plus malveillants ne m’ont jamais rapportées. Il y a conseil des ministres aujourd’hui. M. Caillaux en profite pour s’expliquer. Très irrité de l’attaque imprévue dont il est l’objet, il s’exprime avec une véhémente indignation sur le compte de M. Calmette et, le visage congestionné, il rédige fébrilement, devant ses collègues et devant moi, un démenti pour la presse. Il me laisse, du reste, l’impression de l’innocence calomniée.


Samedi 10 janvier

M. Delcassé télégraphie à M. Gaston Doumergue que M. Kokovtzoff est venu le voir à l’ambassade de France et lui a fait la communication suivante. Pour remplir l’engagement, auquel il a souscrit, d’exécuter en quatre années les lignes stratégiques reconnues nécessaires par les États-majors alliés, le gouvernement russe doit s’imposer dès maintenant un effort considérable et ouvrir simultanément une multitude de chantiers. Si l’on ajoute aux 5 320 kilomètres de lignes stratégiques 11 000 kilomètres de lignes économiques concédées, c’est plus de 16 000 kilomètres qu’il s’agit d’entreprendre à la fois. M. Kokovtzoff ne demande pas à augmenter le chiffre total des emprunts autorisés, mais il désire