Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/39

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M. Calmette à l’Élysée. Si ensuite, et malgré moi, il continue encore la campagne, il se trouvera, de nouveau, des gens pour prétendre que je l’ai inspirée. » — « C’est vrai, il y a déjà des personnes assez bêtes pour le croire. » — « Bêtes, en effet, car si j’étais homme à vous nuire, je n’inspirerais pas une campagne de ce genre ; elle est si violente qu’elle ne sert que vous. » — « Je comprends que vous ne voyiez pas M. Calmette, mais il a des amis qui sont les vôtres. » — « Voulez-vous dire que vous me sauriez gré de voir M. Briand ou M. Barthou ? » — « Je n’ai guère confiance en M. Briand, me répond M. Caillaux ; mais M. Barthou comprendra, sans doute, la gravité d’une indiscrétion. » — « Je veux bien le faire venir dès aujourd’hui. » — « Dites-lui, continue M. Caillaux, qui prend un air à la fois hautain et détaché, dites-lui que, si les télégrammes sont authentiques (les voici et, du reste, ce sont ceux que nous avons connus, vous et moi, il y a deux ans), les allégations qu’ils contiennent sont fausses et les faits dénaturés. » — « Je lui dirai que vous contestez ces allégations, mais je lui dirai surtout que la publication serait grosse de dangers. » — « De telles campagnes sont odieuses. » — « Elles sont certainement très regrettables. Mais laissez-moi vous dire que, dans la lutte entre M. Briand et vous, c’est vous qui avez commencé. » — « Oui, j’ai peut-être eu tort de le traiter d’endormeur, mais ce n’était là qu’une accusation d’ordre politique ; et lui, il m’a répondu par des injures. L’autre jour encore, dans son discours de Saint-Étienne… » — « Il était convaincu que vous le faisiez attaquer dans de petits journaux, qui paraissent vous être tout dévoués. » — « Ah ! le Bonnet rouge ! Je n’ai jamais donné un