Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/60

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M. G. Douinergue met ensuite le conseil au courant des négociations où se joue le sort des colonies portugaises.

Le soir, je dîne chez M. Étienne Lamy, secrétaire perpétuel de l’Académie, avec quelques confrères. M. Ernest Lavisse me dit : « Des amis d’Allemagne m’avertissent que l’Empereur est de plus en plus enveloppé par le parti militaire. Prenons garde. »


Dimanche 8 février

Encore une série noire : les mauvaises nouvelles nous arrivent par fournées. La Triple-Alliance, qui ménage la Turquie, a répondu à sir Ed. Grey qu’elle était d’avis de différer toute entente entre les Puissances européennes sur les moyens de faire respecter par la Porte leur commune volonté. Que l’on commence simplement par notifier à Athènes et à Constantinople la décision prise au sujet des îles par la conférence de Londres. On verra ensuite comment on s’y prendra pour l’exécuter. Le prince Lichnowsky a, d’ailleurs, confié au secrétaire d’État britannique que jamais l’Allemagne ne se prêterait à l’emploi de mesures coercitives contre la Turquie ; et, de son côté, le marquis Imperiali a avoué qu’avant de songer à une action comminatoire contre la Porte, l’Italie attendrait une solution favorable de sa demande de concessions en Asie Mineure. (Télégramme de M. Paul Cambon, 7 janvier.) Voilà comment l’Europe, au commencement de 1914, parlait européen.

Et maintenant, les Turcs ne vont-ils pas, de nouveau, spéculer sur les divisions des Puissances ? De Pétersbourg, M. Doulcet, notre chargé d’affaires, qui fait l’intérim de l’ambassade, nous envoie,