Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/61

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à la date d’hier, des informations inquiétantes : « En présentant ses adieux au ministre des Affaires étrangères, M. Pachitch (venu à Saint-Pétersbourg) s’est montré préoccupé du conflit qu’il croit inévitable entre les Turcs et les Grecs et qui amènera un conflit général dans les Balkans ; car les Serbes marcheront avec les Grecs. Il part pour Bucarest et va joindre ses efforts à ceux de M. Venizelos pour déterminer les Roumains à ne laisser aucun doute à Sofia sur leurs propres intentions. M. Sazonoff voit là un motif de plus pour notifier aux Turcs la décision des Puissances et pour appuyer cette notification d’une démonstration navale. C’est, selon lui, le seul moyen sûr d’empêcher une troisième guerre balkanique. »

Oui, mais comment M. Sazonoff peut-il proposer une démonstration navale, si l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie se tiennent délibérément à l’écart ? Ce serait la rupture définitive de l’accord européen et nous fournirions nous-mêmes à la Turquie la preuve de nos dissentiments et de notre impuissance.

Enfermé dans l’ambassade de Péra, M. Boppe insiste encore pour la conclusion rapide de l’emprunt. Il dit que le gouvernement turc doit six mois de traitement à ses malheureux fonctionnaires, qu’il est dans l’impossibilité de nourrir ses soldats, de payer ses gendarmes et ses agents de police, qu’il n’a plus les moyens de maintenir l’ordre, et qu’à tout moment une révolution peut éclater.


Mardi 10 février

Au conseil des ministres, M. Doumergue indique à ses collègues que M. Paul Cambon a, dans ses entretiens avec sir Ed. Grey, appuyé sur l’argument que nous procure l’article