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16 du traité du 4 novembre 1911, traité auquel l’Angleterre a donné sa pleine adhésion. M. J. Caillaux, qui a négocié cet acte diplomatique, insiste pour qu’on mette le gouvernement royal en garde contre la méconnaissance de cet article et contre les graves inconvénients du partage colonial projeté.

Vers midi, sir Francis Bertie vient me parler du prochain voyage du Roi George V à Paris. « J’ai appris, me dit-il, qu’on songeait à ne pas donner de revue militaire pendant le séjour de Sa Majesté. Ce serait, à mon avis, une mesure très regrettable. Notre Roi aurait l’air de négliger l’armée française. Je vous serais reconnaissant de veiller à ce que cet article du programme ne soit pas supprimé. Le Roi m’a appelé à Londres : je le verrai dimanche. Je lui ferai connaître mon sentiment. » Je profite de la visite de sir Francis pour l’entretenir des colonies portugaises. Il me paraît être assez peu au courant de la question la plus brûlante, celle du Cabinda et du Loanda. Je la lui explique. Il me confirme, au sujet du passé, les renseignements de M. Paul Cambon. Le traité de 1898 n’a pas été signé par lord Salisbury, mais par M. Balfour, qui le remplaçait. Lord Salisbury était absent et, comme lord Lansdowne, il a trouvé le traité très fâcheux. « Mais, me dit sir Francis Bertie, qu’y faire ? La convention existe. On ne pourrait la détruire que d’accord avec l’Allemagne. Il est certain que, lorsqu’elle sera connue, si elle doit l’être, l’impression en France sera déplorable. » — « Oui, certes, mon cher ambassadeur, mais le traité que négocient en ce moment l’Allemagne et l’Angleterre, s’il consacre la convention antérieure, va la fortifier et cette confirmation n’aura pas l’excuse d’avoir été faite à une époque où les relations