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note et que je répéterai. C’est l’avocat de Rochette, Me Maurice Bernard, qui a demandé la remise à la Cour. Si l’on s’en prend à moi, je serai forcé de mettre, à mon tour, en cause MM. Briand et Barthou, qui ont eu, comme gardes des Sceaux, la note Fabre entre les mains et qui, sans doute, l’un ou l’autre, en ont parlé. Tout cela sera lamentable. Il y a vraiment un intérêt public à empêcher d’aussi tristes démêlés. »

Et M. Caillaux entre dans des détails multiples que je laisse dormir sur mes feuillets jaunis. Après tant d’années écoulées, ils me semblent remonter à une époque antédiluvienne et je ne me sens pas le courage de les reproduire. M. Caillaux conclut : « Je vous serais obligé d’examiner si vous ne pourriez pas voir MM. Briand et Barthou. » J’accepte de les faire appeler. Mais je suis écœuré de tous ces scandales, qui me paraissent, en l’état de l’Europe, un défi à la raison.

Comme M. Doumergue déjeune à l’Élysée avec le prince George de Grèce et la princesse Marie, fille du prince Roland Bonaparte, je lui fais part de la visite et de la conversation de M. Caillaux. Il est, comme moi, navré de ces querelles. M. Caillaux, qui se croit attaqué par MM. Briand et Barthou, brûle de leur riposter. À qui profitera cette guerre intestine ?

M. Briand est à Saint-Étienne. Il ne doit rentrer à Paris que mardi matin. Je ne puis donc le voir immédiatement. M. Barthou répond à mon appel. Il a eu, me dit-il, entre les mains la note de M. Fabre, mais il n’a, ajoute-t-il, aucune intention de la divulguer et il ne pense pas que M. Calmette songe à la publier.

M. Bienvenu-Martin, garde des Sceaux, me