Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/87

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d’écrivains et vos énergies de bons Français. Le Président de la République, qui est, comme votre association, placé en dehors de la politique et qui a, comme elle aussi, le devoir de respecter la liberté des partis, ne peut que lui être reconnaissant de démontrer victorieusement, par ses statuts et par ses actes, qu’entre les compatriotes qui paraissent le plus séparés subsistent toujours des raisons profondes d’entente et de confiance réciproque. » Nous sommes loin, hélas ! de l’idéal que je cherche à dépeindre et jamais l’opinion n’a été plus fiévreuse.


Lundi 16 mars

Avant le Conseil des ministres, qui a été exceptionnellement fixé à ce matin, MM. Doumergue et Caillaux, que j’ai priés de passer à mon cabinet, ont une entrevue avec moi. Ils insistent pour que je mande M. Briand, qui revient aujourd’hui de Saint-Étienne. Ils croient savoir, me disent-ils, qu’un journal du soir doit publier aujourd’hui ou demain la note de M. Fabre. « Si cette publication a lieu, on ne manquera pas, ajoutent-ils, d’en imputer la responsabilité à MM. Briand et Barthou, qui ont eu officiellement, comme ministres de la Justice, la note entre les mains. Il est possible que MM. Caillaux et Monis soient atteints par les allégations du procureur général. Mais MM. Briand et Barthou seront suspects d’avoir commis eux-mêmes une indiscrétion coupable. On les accusera d’avoir conservé une pièce qu’ils auraient dû laisser au ministère ou détruire et de l’avoir utilisée contre des adversaires politiques. Les chefs des deux fractions du parti républicain risquent donc d’être également diminués par cette révélation. » Je ne puis que reconnaître