Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/124

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qu’on promit à la Turquie, pour l’immobiliser, l’île de Lemnos. Tel n’est l’avis, ni de sir Ed. Grey, ni de M. Paul Cambon, ni de M. Doumergue, qui prie M. Paléologue de modérer un peu le zèle du ministre russe. Notre ambassadeur répond que M. Sazonoff pratique l’alliance avec une droiture parfaite, et cela est vrai. Il ajoute que le même M. Sazonoff est en confiance, à Saint-Pétersbourg, avec les représentants de la France et de l’Angleterre, et c’est également un fait très heureux. Mieux vaudrait cependant que le ministre russe ne nous déconcertât point, chaque jour, par l’encombrante fertilité d’une imagination toujours en travail.

En conseil de la Défense nationale, M. Messimy nous donne quelques indications sur les nouvelles dispositions qu’a prises le commandant en chef, après avoir adopté la variante qui a prolongé la concentration vers le nord. À la frontière belge, nous nous appuyons sur la Chiers et nous restons là, surveillant, l’arme au pied, la marche des armées allemandes. Lorsque, dans ce secteur, nous passerons à l’offensive, ce sera avec un maximum d’efforts, pour essayer de rejeter l’ennemi à travers la Belgique vers la mer du Nord. À l’aile gauche, pour garder le contact avec les Anglais, nous portons sur la Sambre la 5e armée, que commande le général Lanrezac et qui vient d’être renforcée. De gauche à droite, s’échelonnent ensuite la 4e, placée sous les ordres du général de Langle de Cary, la 3e, dont le chef est le général Ruffey et qui est principalement concentrée dans la région de Verdun, la 2e, qui est commandée par le général de Curières de Castelnau et qui opère dans les environs de Nancy, notamment avec le XXe corps, celui du