Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/145

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et garnies de fils de fer barbelés. Le XXe corps, que commande le général Foch, accueilli par des volées de mitraille, a été forcé de reculer. Le XVe et le XVIe corps, aux prises avec des forces supérieures, ont dû suivre ce mouvement de repli. Le général de Castelnau a donné à son armée l’ordre de se retirer sur ce Grand-Couronné de Nancy qui a été à peine mis en état depuis quelques mois. La 1re armée, de son côté, n’a pu déboucher de Sarrebourg et le général Dubail a dû la ramener vers la Meurthe. En présence de ces revers, le général Joffre, impassible, a décidé de hâter l’offensive de nos 4e et 5e armées contre le centre des forces ennemies. Il a donné l’ordre d’attaque dès hier soir, à vingt heures trente.

M. Tardieu, le très distingué député de Seine-et-Oise, qui est attaché, comme officier de réserve, à l’état-major général, avait été, parait-il, autorisé à faire connaître notre échec de Lorraine au bureau de la presse du ministère ; il l’a, en effet, signalé ; mais comme le renseignement est arrivé à Paris hier soir, après que m’avait été apportée la note quotidienne, on n’avait pas jugé à propos de m’envoyer ce fâcheux complément. Ce respect du sommeil présidentiel me parait excessif. J’insiste, une fois de plus, pour que les informations du grand quartier général me soient transmises plus vite et plus régulièrement. Comme me le disait, ces jours-ci, Maurice Barrès, c’est une guerre dans les ténèbres32. Ni au public, ni au gouvernement, on ne prodigue maintenant les lumières.

M. Clemenceau accompagne à mon cabinet, avec M. Blumenthal que j’ai déjà vu hier, deux