Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’Est. Avons-nous, du moins, plus d’espoir sur la frontière du Nord ? Le général Joffre a chargé le colonel de me dire que l’accord est maintenant complet entre les états-majors français, anglais et belge et que la coopération s’annonce comme devant être parfaite dans les batailles qui vont se livrer en Belgique. Le commandant en chef a pleine confiance dans l’issue de la rencontre. Le colonel Pénelon me parait moins tranquille. Il craint notamment que le général Lanrezac, dont l’armée est portée entre Sambre et Meuse, ne soit pas en mesure d’empêcher les Allemands de passer ce dernier cours d’eau entre Namur et Dinant. Lanrezac va avoir en face de lui des forces massives et presque entièrement fraîches.

Le commissaire spécial de Givet nous signale déjà l’arrivée dans cette région de uhlans et de hussards ennemis. Deux corps d’armée investissent Namur ; les Allemands ont franchi la Sambre ; ils ont déjà attaqué le front tenu par notre Xe corps et notre 5e division.

Un télégramme m’apprend que le fils de M. Clemenceau a été blessé à la jambe d’une balle de revolver, en combattant sur le territoire belge. Il a tué l’officier de chasseurs allemand qui l’avait atteint. J’ai envoyé au père un mot de sympathie et de félicitations.

Il est impossible de savoir qui a donné l’ordre d’évacuation aux télégraphistes de Nancy. Ni le préfet, ni l’autorité militaire ne comprennent rien à cette aventure. Y a-t-il eu espionnage, panique ou mystification ? C’est une énigme. Les employés, venus jusqu’à Paris, retournent à Nancy et y reprennent leur service si étrangement interrompu.



38. De Rome, n° 373 ; de Thérapia, n° 355 ; de la Haye, n° 66.